17 Août
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La crise nigérienne est présente dans l’actualité socio-politique du Bénin, voisin du pays où les militaires putschistes sont sous la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO. Cependant le projet de recours à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel est loin d’être partagé sur la scène béninoise qui a vu réagir des acteurs des milieux politique et religieux.

La situation politique au Niger est scrutée au Bénin voisin qui partage sa frontière nord avec ce vaste Etat du Sahel dirigé depuis le 26 juillet 2023 par des militaires à la suite d’un coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum. Le rétablissement de ce dernier dans ses fonctions pourrait se faire par une opération militaire annoncée par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce jeudi, le comité de défense de la CEDEAO réunissant les chefs d’état-major des Etats membres commence une réunion de deux jours pour discuter des détails opérationnels de l’expédition.

Le Bénin solidaire des options de la CEDEAO

Les autorités béninoises ont, à plusieurs occasions, affiché la position officielle du pays, qui s’aligne sur celle de la CEDEAO. Le président Patrice Talon, son ministre des Affaires étrangères puis le porte-parole du gouvernement, dans leurs différentes prises de parole, défendu le projet d’intervention militaire. Il s’agira pas d’une “guerre contre le Niger”, a par exemple souligné le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji au cours de l’émission Focus sur ORTB TV.

Le président Patrice Talon au sortir du deuxième sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO qui a donné son feu vert à une intervention militaire, avait déclaré :

“En aucune manière, la CEDEAO n’acceptera que les coups d’Etat deviennent le moyen par lequel les gouvernants doivent être dirigés. Si nous laissons faire, notre sous-région va être désintégrée. Nous avons décidé que si nous n’avons pas le choix, ce sera par la force que la mauvaise force sera vaincue.”

Opposition à l’intervention militaire

La position officielle de l’Etat béninois n’est cependant pas partagée par d’autres acteurs de la société. L’Eglise catholique, par le biais de la Conférence épiscopale, a appelé à une résolution pacifique de la crise nigérienne en souhaitant que le Bénin, soit dans ce processus, “le porte-flambeau de la voie diplomatique”. Les évêques catholiques du Bénin affirment aussi leur “opposition à toute option militaire qui entraînerait le Niger et les pays de la Sous-région dans les affres du crépitement des armes et de leurs lourdes conséquences”.

Même son de cloche chez les musulmans. L’Union islamique du Bénin a appelé les autorités béninoises et celles de la CEDEAO à agir dans le sens d’un retour progressif à l’ordre constitutionnel au Niger, par le dialogue. Le communiqué de son président, “déconseille toute intervention militaire”, au regard des “situations complexes de pays tels que le Yémen, la Syrie, l’Irak, la Libye… où des interventions militaires ont engendré davantages de souffrances”.

Du côté des politiques, le parti d’opposition Les Démocrates s’est aussi prononcé contre l’intervention militaire. Des députés du parti ont interpellé le gouvernement par une vingtaine de questions qui doivent être débattues à la prochaine rentrée parlementaire. “Le Bénin et le Niger étant des peuples frères, qu’est-ce qui justifie alors que le Bénin accepte d’envoyer ses troupes pour attaquer le Niger pendant que d’autres pays de la CEDEAO non limitrophes du Niger, refusent d’y participer ?”, dit l’une d’elles.

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