07 Juil
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Une pollution du fleuve Ouémé dans la commune de Savè a provoqué une mort massive d’espèces aquatiques comestibles. La sucrerie de Savè, une vieille usine au passé glorieux, reprise par une société chinoise est en cause pour sa gestion des eaux usées.   

L’alerte a été donnée par la mairie de Glazoué à travers un communiqué le 1er juillet dernier. Les autorités locales mettaient en garde les populations contre la consommation des poissons issus du fleuve Ouémé qui traverse la région. “L’ouverture de vanne de bassin de rétention des eaux usées du canal de l’usine dans le fleuve Ouémé engendre la mort massive de produits halieutiques (poissons et autres)”, révèle le communiqué signé du premier adjoint au maire de la commune de Glazoué, proche de Savè et traversée par le grand fleuve du Bénin. Et d’inviter par conséquent les populations “à s’abstenir, et ce jusqu’à nouvel ordre, de la consommation, de l’achat et de la vente des produits halieutiques issus de cette mort massive”.

 

Détails à charge contre la SUCOBE

Les faits remontent au mois de juin quand des eaux usées de la Sucrerie de complant du Bénin (SUCOBE) ont été déversées sur le fleuve Ouémé dans la localité de Gobé, commune de Savè. “Les eaux usées rentraient déjà dans le fleuve depuis le 25 [juin] et c’est le 29 qu’il y a eu le trop-plein qui a fait sortir les poissons”, confie le directeur général de l’Agence béninoise pour l’Environnement (ABE). La SUCOBE “a reconnu avoir ouvert les vannes”, précise François Corneille Kèdowidé.

Pour Didier Hubert Madafimè, ancien journaliste de l’ORTB, spécialiste en gestion des catastrophes, “ce qui s’est passé n’est pas à négliger” :

“Catastrophe ou incident, c’est un problème de santé. Les poissons morts ont certainement été étouffés par un élément toxique. Les autorités chargées des questions de l’environnement doivent accentuer la pression sur les auteurs de cette pollution qui ne sont pas à leur premier essai.”

Le patron de l’ABE fournit aussi des détails à charge contre la SUCOBE. “On tente en vain d’aller faire une inspection à la SUCOBE. Ils nous opposent toujours que l’usine est en cessation de travaux”, affirme M. Kèdowidé. “La situation est maintenant sous contrôle, puisque la vanne ouverte a été fermée mais il faut qu’on les surveille”, conclut-il.

 

“Il faut être plus rigoureux”

Des cas de pollution aquatique similaires se sont déjà produits au Bénin ces dernières années. En 2018 à Athiémé des tonnes de poissons sont morts mystérieusement près du Lac Toho et à Savalou la rivière Klou a été polluée par une autre usine chinoise finalement suspendue.

Rappelant ces deux cas, Didier Hubert Madafimère estime qu’”il faut être plus rigoureux” :

“Il faut fouiller les marchés, les maisons et saisir les poissons provenant du fleuve contaminé pour prévenir les cas d’intoxication alimentaire dans l’immédiat et à court terme.”

L’expert invite aussi les autorités à “mettre sous surveillance toutes les unités de production agro-alimentaire qui dégagent des eaux usées”. Pour lui, le fleuve Ouémé pollué par la SUCOBE devrait être mis sous surveillance par mesure de précaution. Et il indique un cas d’école : l’histoire du simple pipi d’un garçon à l’origine d’une opération inédite de remplacement de 143 millions de litres d’eau à Portland aux Etats-Unis en 2014 !

 

 

 

 

 

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