A Parakou démarrent ce 10 août 2016 les manifestations commémoratives du centenaire de naissance d'Hubert Maga. Au programme, des ateliers scientifiques d'échange autour de l'héritage politique du premier président du Dahomey, une messe catholique, etc.
Il y a en effet un siècle naissait à Parakou, l'instituteur qui allait devenir premier président de la République élu en décembre 1960 alors qu'il était Premier ministre depuis mai 1959. Le 1er août 1960, c'est lui qui avait eu l'honneur de proclamer l'indépendance du Dahomey au siège de l'Assemblée nationale à Porto-Novo. Hubert Maga n'était pourtant pas un acteur qui a joué un rôle particulièrement déterminant dans la décolonisation de son pays. Mais la conjoncture politique de la période ante-indépendance a précipité son destin pour être le premier président. En effet, c'est son alliance politique avec Justin Ahomadégbé qui lui fait gagner l'élection présidentielle, l'allié devenant président de l'Assemblée nationale. C'est ce qui fait dire à l'historien Pierre Métinhoué, qu'Hubert Maga n'était "pas un président révolutionnaire".
"Il n'a pas joué un rôle particulier. Ceux qui, avant 1960 se sont battus, ce sont des gens comme Emile-Derlin Zinsou, Alexandre Sènou Adandé. Hubert Maga n'était pas particulièrement à la pointe de ce combat", explique le professeur Métinhoué.
Mais il ne reste pas moins vrai qu'il est un "personnage clé de ce processus", fait observer de son côté, Jérôme Alladayé, professeur d'histoire aussi.
Le gouvernement d'Hubert Maga sera renversé par le premier coup d'Etat du pays le 28 octobre 1963 opéré par le Colonel Christophe Soglo. Hubert Maga faisait face à une fronde sociale mêlée à des clivages politiques entre leaders régionalistes, ses deux principaux protagonistes étant Marcellin Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadégbé, son allié inattendu qui présidait le parlement. C'est au premier que l'officier putschiste remet le pouvoir après des élections organisées sur la base d'une nouvelle Constitution.
Ainsi déposé, Hubert Maga, ne sort pas pour autant de la vie politique. Depuis son exil en France, il appellera au boycott de l'élection présidentielle de mai 1968. L'élection était organisée par les Jeunes cadres de l'Armée qui avaient effectué en juillet 1967 un troisième coup d'Etat contre le Général Christophe Soglo qui avait lui repris le pouvoir aux civils en 1965.
Hubert Maga retrouve la présidence pour deux ans entre mai 1970 et mai 1972 dans le cadre du Conseil présidentiel créé par les militaires après l'annulation d'élections organisées par département mais qui ne sont pas allées à leur terme. Plus tôt il y avait eu un coup d'Etat contre Emile-Derlin Zinsou nommé en 1968 à la suite de l'annulation des résultats de l'élection gagnée par Basile Adjou-Moumouni.
Frappé par la limite d'âge, il ne participera pas à la première élection présidentielle après la Conférence nationale de 1990 à laquelle il a assisté au titre d'ancien chef d'Etat aux ôtés de Zinsou et Ahomadégbé. Mais Hubert Maga va servir encore son pays en tant que conseiller du Haut Conseil de la République puis membre de la première mandature de la Cour constitutionnelle de 1993 à 1998. Le "Père de l'indépendance" du Bénin tire sa révérence le 8 mai 2000 à Cotonou, à 84 ans.
Entre autres réalisations citées comme l'oeuvre d'Hubert Maga, il y a le palais de la présidence et le Centre national hospitalier et universitaire (Cnhu) qui porte d'ailleurs son nom comme le premier collège public de Parakou, ville où il repose dans son mausolée.
Vincent Agué