08 Mar
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Les blagues misogynes qui font le tour des réseaux sociaux, ne font pas rire tout le monde, notamment des femmes. Pourtant banalisées, les publications sexistes contribuent à dégrader l’image des femmes selon des observateurs.

“Fainéante, femme de mœurs légères, croqueuse de diamants, promotion obtenue sur canapé” ; ce sont entre autres les messages que véhiculent des blagues déversées à propos des femmes sur les réseaux sociaux au Bénin. Des gens en rient. Mais ce n’est pas du goût des femmes qui ne tolèrent guère ces clichés. 

“Ces mauvaises blagues, qui encouragent le sexisme, sont souvent accompagnées de photo de femmes dénudées en position suggestive et dépeintes comme des croqueuses de diamant ou comme des femmes aux mœurs légères. C’est choquant !”, déplore une jeune dame rencontrée à Cotonou.  “Nos jeunes sœurs d’aujourd’hui ont fortement contribué à ce phénomène”, accuse une autre femme. Selon elle, les frasques de jeunes filles régulièrement rapportées sur les réseaux sociaux inspirent les auteurs des blagues sexistes.  

Même s’il est banalisé, l’humour sexiste n’est pas sans conséquence sur la perception du rôle de la femme dans la société. Pour Mariam Mondoukpè Chitou, militante engagée pour les droits des femmes, cette déqualification affecte physiquement et psychologiquement les femmes. “D’abord, il y a une auto-dévalorisation de la femme. Ces blagues, ensuite, suscitent en elle une auto-censure puis engendrent la baisse de l’estime en soi”, souligne-t-elle.

Des racines dans la publicité sexiste

Le phénomène est ancien et provient notamment de l’exploitation faite du corps de la femme dans la publicité. “Depuis longtemps, dans la plupart des publicités, les gens préfèrent utiliser le corps féminin parce que cela est attirant, explique Valentin Yèhounmè, sociologue. Même dans les chansons, observez bien les vedettes qui viennent jouer, les hommes sont très bien habillés alors que les danseuses sont exposées, pratiquement nues”. Le sociologue estime qu’on dénigre ainsi la femme. Et ce faisant, poursuit-il, “nous initions un manque de respect dans les comportements qui doivent nous entourer”. 

Pour limiter cela, le sociologue préconise l’éducation. Valentin Yèhounmè pense qu’il faut une éducation de bonne facture dès le bas âge afin de venir à bout du mal. Un point de vue que partage également Mariam Mondoukpè Tchitou. “Que les filles apprennent à se mettre en valeur, à aller au-delà de tout ce qui se dit d’elles puisqu’il est important de connaître sa propre valeur. Aussi, faut-il apprendre aux garçons que la femme, ça se respecte”, conseille -t-elle.

Podcast : Solange Kaï Allagbé – Texte : Stanislas Linkpon

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