Une rencontre improbable il y a quelques années a réuni ce 27 juillet 2021 deux hommes d’Etat ivoiriens, rivaux et protagonistes d’une crise politique qui a déchiré leur pays. Que réserve à la Côte d’Ivoire la poignée de main historique entre Ouattara et Gbagbo, deux adversaires en duel permanent ?
La dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, c’était lors d’un duel télévisé, en novembre 2010. L’élection présidentielle qui allait les opposer se soldera par une grave crise. Plus de 3000 Ivoiriens y ont perdu la vie. Des victimes collatérales d’une bataille politique entre Alassane Dramane Ouattara (ADO), opposant politique, vainqueur de l’élection selon l’Onu et Laurent Gbagbo, président sortant déclaré perdant mais qui refusait de concéder sa défaite.
Délogé par les armes en avril 2011, Laurent Gbagbo va se retrouver traduit devant la Cour pénale internationale pour être jugé pour crimes contre l’humanité. 10 ans après, l’homme est rentré dans son pays, acquitté des faits à sa charge par la CPI. Pendant ce temps, ADO enchaîne les mandats. Celui gagné face à Gbagbo a été suivi d’un autre, puis d’un troisième en cours.
Réconciliation et confrontation
Pour la réconciliation, les deux acteurs semblent dire “oui”. Tout sourire, tous les deux, ADO et Gbagbo, au palais présidentiel d’Abidjan renvoient l’image d’un accord pour pour la paix dans leur pays. Les deux hommes se sont même appelés par leurs prénoms. Leur credo commun : tourner la page de la crise. Voilà pourquoi, ils ont discuté “amicalement et fraternellement” selon les termes employés par Gbagbo.
La poignée de main entre Ouattara et Gbagbo est certainement historique au plan symbolique mais il faut en relativiser la portée sur la vie politique ivoirienne habituée depuis plusieurs décennies à un combat sans merci entre les deux hommes.
D’ailleurs, pour la confrontation, ils sont également prêts. Car il faut bien le dire : Laurent Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire en opposant politique. Son retour s’est fait sous tension. Et quelques semaines après avoir regagné le bercail, Gbagbo s’est empressé d’aller voir chez lui, l’autre rival de Ouattara, l’ancien président Henri Konan Bédié, ex-allié devenu opposant au régime d’Abidjan. Le parti de Bédié et celui de Gbagbo sont de nouveaux alliés depuis les dernières élections législatives ivoiriennes. De quoi recomposer une énième fois le trio qui, par ses alliances de deux contre l’un, empoisonne la vie politique ivoirienne depuis la mort “Vieux”, Félix Houphouët-Boigny.
