22 Déc
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Avec un Master 2 en Administration des finances et du trésor, Marlène Badémè Kindji  vend des légumes séchés depuis plusieurs années. La trentenaire exerçant à Abomey-Calavi  n’est pas prête à troquer son métier de “vendeuse de légumes” contre un quelconque emploi salarié. 

A Calavi-Agori, non loin du carrefour Kpota, dans l’arrondissement central d’Abomey-Calavi, la vendeuse de légumes séchés opère dans un local qui fait jonction avec la boutique.  Ici, une variété de légumes séchés mis dans des emballages, est étalée dans les rayons. 

Sur des emballages disposés en rangées, on peut lire en langue fon et en français : févi séché (le gombo séché), amanvivè séché ( la véronia séchée), chiayo séché (le basilic africain séché),… Des légumes qui deviennent impropres à la consommation après “24 mois de conservation à la température ambiante et à l’abri de l’humidité” selon la transformatrice. 

Dans un angle de l’espace commercial, se trouve le bureau de l’occupante bien accrochée à son téléphone. C’est Marlène. “A Bademè natural foods, nous sommes spécialisés dans la transformation des légumes en légumes séchés pour la diaspora et en légumes précuits pour les résidents”, confie-t-elle. Devant elle, une grosse calculatrice. Elle discute tête baissée du prix des légumes via WhatsApp. Marché conclu. Le rendez-vous est pris pour la livraison.

Dans l’angle opposé, s’ouvre une porte. Elle donne accès à la mini-usine de Marlène. Ce mardi, deux de ses collaborateurs coupent la grande morelle, l’une des étapes de la transformation. “Au séchage, chaque coupure doit être examinée et étalée dans la machine. Le travail paraît facile, mais nécessite assez d’effort physique”, confie la patronne des lieux. 

 Heureuse d’être vendeuse de légumes…”

Après un baccalauréat scientifique obtenu en 2009 avec mention bien, Marlène  qui voulait mettre pause aux études, s’est vue contrainte de poursuivre. Elle s’inscrit en Administration des finances et du trésor à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) n’ayant pas trouvé, à l’époque, une filière de formation en stylisme, le métier de ses rêves. Avec la motivation des parents, la brillante étudiante décroche son bac + 3 puis fait le second cycle universitaire pour empocher son bac +5, soit le Master 2 en Finance.

“Je suis allée si loin dans les études grâce aux parents. Ce sont eux qui m’ont motivée sinon après le bac, je pensais déjà quitter l’école pour faire autre chose parce que je voulais être styliste au départ; je ne voulais pas travailler pour quelqu’un”. 

Parallèlement, elle s’intéressait aux travaux maraîchers de sa mère qui perdait des légumes du fait de la mévente. Une équation que Marlène va résoudre en faisant des recherches sur les méthodes de conservation de légumes sans y ajouter de conservateurs chimiques. En 2017, elle se lance malgré l’opposition de ses parents.  

“Au départ, les parents n’étaient pas d’accord. C’était le sujet de toute la famille : (…) Avec son diplôme, comment elle peut faire ça. C’était péjoratif, en fait. Et il y avait des oncles et des tantes qui prient pour moi,…qui disaient qu’il me fallait de l’exorcisme… Puis des neuvaines sur neuvaines. (sourire…) On priait beaucoup pour moi quand même. Mais moi, je savais où j’allais”.

Visiblement épanouie dans sa passion, Marlène Badémè Kindji ne regrette pas cependant  sa formation en Administration des finances et du trésor. “Ça me sert dans mon entreprise”, assure-t-elle. 

Quant à l’option d’un emploi salarié, la jeune femme n’envisage pas. “Il faut aligner plusieurs zéros derrière le premier chiffre avant de vouloir me recruter. D’ailleurs, je ne peux pas. Je tiens à ma liberté”, lâche Marlène. Toutefois, elle accepterait “d’être consultante indépendante si cela est bien payé”, sinon : “je suis heureuse d’être vendeuse de légumes avec mon Master 2”.

Mariée et mère de famille, Marlène emploie aujourd’hui cinq personnes de façon permanente et une dizaine d’agents occasionnels en fonction de la saison ou de la demande. Son rêve désormais est d’agrandir et de pérenniser son entreprise: “Bademè natural foods”. 

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