09 Oct
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A Montpellier ce vendredi 8 octobre 2021, le nouveau sommet Afrique-France voulu par Emmanuel Macron, le président français, a tenu toutes ses promesses. Suite logique du discours de Ouagadougou, prononcé fin 2017, ce sommet sans chefs d’Etat africains a fait la part belle à la jeunesse et aux sociétés civiles africaines. Une frange de la population africaine  qui est encore partagée sur les réels bénéfices de ce sommet.

Nouveau format, nouveaux sujets, nouveaux interlocuteurs

Ils étaient 3000 personnes à faire le déplacement de Montpellier. En l’absence des chefs d’Etat et des protocoles qui les accompagnent habituellement, ce sont les sociétés civiles, les entrepreneurs et les jeunes qui ont pris la place. Dans les murs de la vaste Arena-Sud-de-France qui accueillait l’événement, ils étaient présents de part et d’autre. Répartis en cinq grandes thématiques de discussions, ils ont animé les discussions durant toute la matinée. 

D’un côté, on pouvait croiser la béninoise Marie Cécile Zinsou, ardente défenseure de la restitution des œuvres culturelles, modérée de bout en bout la session “Culture, patrimoine et coopération”. Une discussion dans laquelle sont intervenus de nombreux Béninois dont José Pliya, ancien directeur de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme ou encore Alain Godonou, ancien directeur de l’Ecole du patrimoine africain installée à Porto-Novo. 

En parallèle, ont lieu quatre autres sessions : “Sport et développement en Afrique”, “Industries créatives et culturelles”, “Enseignement supérieur, recherche et innovation”, “Engagement citoyen et démocratie”. Chacune de ces sessions ont accueilli des dizaines d’intervenants venant de tout le continent mais aussi des diasporas africaines. Ces personnes, ayant parfois la double nationalité que Emmanuel Macron désigne comme “la part africaine de la France” étaient aussi au cœur de ce sommet d’un nouveau format.

Macron face à la jeunesse africaine

Incontestablement, le grand rendez-vous du sommet a été l’arrivée sur les lieux du hôte du sommet. Apparu en début d’après-midi, Emmanuel Macron ne s’est pas ménagé. Il a fait le tour des sessions, suivi par micros et caméras mais aussi par quelques admirateurs tentant vainement de capter un selfie avec le président français. 

Mais ce qui va marquer les esprits, au-delà de l’ambiance festive et détendue, sera le grand débat qu’il a voulu et mené avec une sélection de jeunes africains activistes, leaders d’opinion ou chef d’entreprise. Pendant près de trois heures, ces 11 jeunes (six femmes et cinq hommes) ont discuté sans langue de bois avec le président français. Pour l’occasion, le chef de l’Etat avait à ses côtés Elisabeth Moreno, ministre à l’Égalité des genres, à la Diversité et à l’Égalité des chances et Achille Mbembe. C’est à ce dernier, historien et écrivain camerounais,  intellectuel respecté sur le continent que le président français avait confié l’organisation intellectuelle du Sommet. C’est aussi lui  qui a opéré le choix des 11 vis-à-vis de Macron à l’issue des travaux préparatoires qui ont eu lieu dans plusieurs pays du continent.

Dans le débat, aucun sujet n’est laissé de côté. Du Franc CFA à la présence militaire de la France sur le continent en passant par l’aide au développement et le soutien à certains régimes répressifs sur le continent, Emmanuel Macron n’a esquivé aucune interpellation. Le débat a été parfois tendu, le public y participant souvent en applaudissant les jeunes qui ont confronté le président français. 

Des jeunes en attente d’actes concrets

A la sortie des échanges, les impressions des jeunes sont plutôt partagées sur ce sommet. Pour certains, il a eu le mérite d’instituer un changement de paradigme et de remettre de nouveaux acteurs dans le débat autour de la relation Afrique-France. “C’est une très bonne chose qu’on puisse entendre ces voix qu’on entendait pas, ces voix qui étaient représentées et qui, aujourd’hui se sont présentées”, a laissé entendre Papa Ismaila Dieng, activiste sénégalais membre de l’organisation Africtivistes. “Ce qui est bien, c’est qu’on formalise ce cadre d’échange. Et ça permet de donner la parole aux jeunes pour faire remonter à la surface officielle,  de façon formelle, ce qui se dit dans les rues”, s’est réjoui Giovanni Houansou, écrivain et dramaturge béninois. 

Sur les retombées du sommet, les opinions restent, cependant, partagées. “Je ne m’attache pas aux mots, je m’attache aux actes. Donc il n’y a pas à être optimistes”, a fait savoir Giovanni Houansou pour indiquer que tant que les discours ne vont pas être suivis d’actes concrets, il restera à faire. ” La prudence est également de mise chez le sénégalais Papa Ismaila Dieng. “J’ai envie de croire tout ce qui a été dit ici mais j’attends la suite. Je ne suis pas très persuadé que nous aurons les résultats que nous attendons. Mais on va attendre de voir les premiers pas qui seront posés”, a déclaré l’activiste sénégalais. Son compatriote Jaly Badiane, blogueuse, est moins sceptique. “Je suis optimiste dans le sens où beaucoup de choses sont déjà amorcées comme la restitution des œuvres africaines, le processus de reconnaissance des tirailleurs sénégalais,  et ça va avancer même si cela va prendre le temps que ça va prendre”, a expliqué la jeune femme. 

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