01 Avr
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Les mesures anti-inflationnistes prises par le gouvernement béninois aux fins de faire face aux impacts de la crise économique mondiale, peinent à être respectées. Dans les marchés, s’observent le refus d’appliquer les prix fixés, la diminution du grammage du pain et la pénurie organisée autour de certains produits comme le ciment. L’État qui tient à la stricte application des prix qu’il a arrêtés compte sévir.

Dantokpa résiste aux prix fixés

A Cotonou, la volonté du gouvernement de maîtriser des prix sur le marché rencontre la résistance des commerçants du marché Dantokpa. “On a annoncé la baisse des prix, au contraire, les produits sont encore plus chers”, se plaint une dame venue faire des courses. A la cherté, s’ajoute la faible quantité de l’offre bien que la demande baisse. La situation inquiète les clients qui grognent. “Le sac de riz coûte toujours 21.000 fcfa et il faut faire le pied de grue avant de s’en procurer”, lâche un autre usager qui venait de s’acheter un demi sac de riz mais visiblement très remonté. 

Au niveau de l’huile de palme d’or, pas de changement. Le bidon de 25 litres continue d’être cédé à plus 23.305 fcfa arrêté par le gouvernement. “Le bidon d’huile nous coûte 27.800 ; soit 1.200 , le litre. C’est difficile de revoir le prix à la baisse dans ces conditions”, justifie une détaillante qui requiert l’anonymat. Sa collègue, située non loin, soutient qu’il “n’est pas possible de prendre un produit cher à l’achat et de le revendre à un prix plus bas”.  Elle exhorte les autorités à “demander aux grossistes de revoir leur prix de vente d’abord”.   

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Selon les commerçants grossistes, la hausse des prix des produits ne dépend pas d’eux-mêmes. Ils font comprendre qu’ils doivent d’abord vider leurs stocks frappés par la crise économique. Ils estiment que l’État a pris des mesures d’accompagnement après ces stocks. “Moi, j’ai acheté ça cher ! J’ai acheté huile, tomate comme riz cher. Donc, j’ai des stocks qui m’ont coûté chers.  Si le gouvernement annonce des mesures et nous demande de baisser les prix, personne ne peut les respecter si l’intéressé n’a pas pris les produits moins chers”, défend Barthélémy Dossa, un grossiste.  

Des boulangeries fermées 

Après une brève augmentation du prix du pain (de 125 francs à 150 francs) décidée par les associations de boulangers, le gouvernement a également décidé de maintenir le prix de ce produit de première nécessité à 125 francs. Sur le terrain, les commerçants multiplient les stratagèmes pour contourner la mesure de l’exécutif. Ainsi, le poids du produit a-t-il diminué. Ça diffère d’une boulangerie à une autre. 

A Cotonou, une mission d’évaluation du respect des normes a fait un amer constat. Le grammage s’évalue à 95 g, 105 g et au plus à 120g par endroit au lieu des 160 g recommandées. A cela s’ajoute le non-respect des règles d’hygiène dans les usines de fabrication du pain. Ces violations ont été sanctionnées par la mission de contrôle en procédant à leur fermeture, malgré les supplications des responsables de ces boulangeries. La suite, ces boulangeries “ sont tenues de payer des amendes en fonction des infractions et de corriger les imperfections constatées avant de reprendre leur activité”, a précisé Hermione Hodonou Savi, directrice départementale de l’Industrie et du commerce de l’Atlantique et du Littoral.

Ciment  : “une pénurie (…) organisée”

A Cotonou, sur un tout autre volet, plusieurs dépôts de ciment ont fermé. De Vodjè à Sinoutin, pas de trace des promoteurs de ces magasins qui ont mis la clé sous la porte. A Agla, un autre quartier de la ville, un immense dépôt est lui ouvert. A en croire le gérant, le ciment devient rare sur le marché. “Ça fait plus d’une semaine que moi, je n’ai pas de ciment”, affirme le gestionnaire du magasin. Il renseigne que les grossistes ne lui “ont pas encore livré de ciment”. Il souligne que les cimentiers ne respectent pas “les prix que le gouvernement a fixés” ce qui influence la distribution.

Du côté des autorités en charge de l’industrie et du commerce, la hausse du prix de ciment relève de la spéculation puisque le prix à la sortie d’usine n’a pas connu d’augmentation. ‘’C’est une pénurie qui a été organisée pour faire pression sur le gouvernement pour qu’on laisse” , soutient Laurent Akpo, directeur de cabinet du ministre de l’Industrie et du commerce. Laurent Akpo clarifie qu’il “n’y pas eu d’augmentation des matières premières”. Plusieurs fois, le ministère de l’industrie et du commerce a discuté avec les cimentiers. Et jusque-là, la situation n’est pas favorable à une augmentation du prix du ciment. Ils ont accepté. Cela ne s’entend pas donc que le prix à l’intérieur du pays flambe de cette façon”, s’exclame-t-il. 

Face à la non observance des mesures prises contre l’inflation, le gouvernement diligente des missions de contrôle sur le terrain. Le numéro vert 113 est mis à la disposition des consommateurs  pour dénoncer les commerçants résistants.

Stanislas Linkpon

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