19 Avr
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Son parcours inspire et sidère. L’officier supérieur de la Police républicaine, Ghislaine Bocovo, est la première femme à accéder au grade de commissaire au Bénin. Mariée et mère de famille, tout la prédestinait à ce métier sans qu’elle ne s’en rende compte.

Sèwanoudé Ghislaine Justine Bocovo, c’est le nom complet de la commissaire principale de police. Femme de taille plus ou moins grande au teint bronzé, elle a l’air jovial, mais droite dans ses bottes. On parle d’une femme en treillis ! “Les valeurs morales qui me sont les plus chères sont surtout la confiance, l’honnêteté, l’équité en toute chose et la dignité humaine”, lâche avec assurance, la commissaire “rigoureuse quand il le faut”. Elle ne tolère pas un travail bâclé. Le professionnalisme et l’efficacité dans l’action pour un meilleur résultat la caractérisent.

Experte comptable, le rêve inachevé

Ghislaine Bocovo dirige depuis 2018 le service des Titres de voyage à la Direction de l’Emigration et de l’Iimmigration du Bénin (Dei-Bénin). Avant d’y arriver, elle a eu un riche parcours tant académique que professionnel.

Fille d’un analyste-statisticien et d’une sage-femme, Sèwanoudé Ghislaine Justine Bocovo nourrit très tôt l’ambition de devenir une experte comptable. “Depuis les cours secondaires, j’ai viré dans la filière de gestion. Ce que j’ai continué d’ailleurs à l’Uac (université d’Abomey-Calavi) pour obtenir ma maîtrise en Sciences économiques”, confie-t-elle. Sèwanoudé Ghislaine Justine se réclame avec fierté être “un pur produit de l’école béninoise”. Elle n’a “jamais effectué ses études à l’extérieur”.

La femme des chiffres, déterminée à réaliser son rêve d’enfance, obtient ensuite une maitrise en Sciences juridiques en vue de solidifier ses connaissances en droit des finances. Contre toute attente, elle n’exerce pas le métier de ses rêves, mais plutôt un autre. Une profession pas trop loin de celle de sa mère qui sauve des vies.

Football, le voile de la policière dans l’âme

Sa carrière de policière est le résultat de l’influence de son environnement immédiat. Elle a eu des membres de sa famille policiers et d’autres juristes. A cela, s’ajoute l’impact des faits sociaux. “Au départ, je n’avais pas cette ambition, mais au regard des faits sociologiques – lorsque tu regardes la télé, il y a tellement des foyers de tensions, tu vois (…) des femmes, des enfants qui souffrent par la faute des dirigeants ou d’insécurité dans le monde entier, et ayant aussi deux oncles à la police, j’avais des figures emblématiques qui m’ont inspiré – je me suis dit, mais est-ce qu’il ne serait pas mieux que j’intègre une corporation qui me permet de défendre les droits de ces couches vulnérables”. Elle intégrera alors à la police sur concours en tant que commissaire avec sa maîtrise en sciences juridiques.

Aussi, dès son bas âge, Sèwanoudé Ghislaine Justine Bocovo jouissait-elle des bonnes conditions physiques et sportives pour faire carrière dans la police. Elle raconte avec enthousiasme :

“toute petite, j’avais mon équipe de football avec laquelle je jouais tous les week-ends. J’étais la seule fille. On s’entendait très bien. J’étais très à l’aise au milieu des garçons si bien qu’à l’âge adulte, arrivée à la police au milieu des hommes, je n’ai pas eu de difficulté à m’intégrer”.

Femme de commandement…

Après son diplôme de commissaire de police à l’Ecole Nationale Supérieure de Police du Bénin en 2007, Sèwanoudé Ghislaine Justine Bocovo, s’investit dans la protection des biens et des personnes notamment les enfants. Ses actions de lutte contre le trafic des mineurs, le travail des enfants et les violences basées sur le genre l’ont propulsée. Elle gagne la confiance des autorités. Elle dirige des structures comme l’Office central de protection des mineurs ; elle est experte Afrique de l’Interpol chargée de l’identification des victimes de violences et de traite,… Son rêve de défendre les plus faibles se concrétise : “dès mon enrôlement, les enquêtes, surtout lors des braquages, comment conduire les enquêtes jusqu’à la manifestation de la vérité, ce sont des choses qui m’ont beaucoup passionnée”.

Plus tard, la passionnée des investigations se voit confier la direction de la Brigade économique et financière (Bef). Elle a également occupé plusieurs autres postes de responsabilité dont le poste de chef du commissariat spécial de police d’Hilla-Condji (Grand-popo) dans le département du Mono, commissaire en charge du commissariat de Xwlacodji (Cotonou),…avant d’être cheffe du service des Titres de voyage/passeport à la DEI. Elle va consolider ses acquis en faisant des études supplémentaires en Démocratie et gouvernance à la Chaire Unesco des Droits de l’Homme sanctionnées d’un master professionnel.

… et mère de famille

Sèwanoudé Ghislaine Justine ne regrette pas sa vie de policière. L’amazone de naissance, ainée d’une fratrie de 5 enfants et originaire d’Abomey, est mère de deux garçons et une fille. Son mari, ingénieur génie civil, est entrepreneur privé.. Ses responsabilités professionnelles la contraignent à être chaque jour, hors de sa maison de 7h à 19h voire 20h parfois. Ce qui ne l’empêche pas de réussir sa vie de couple. Elle avoue être “une femme de défis”. Madame la commissaire principale de police rassure qui veut en savoir davantage sur son foyer que “tout se passe très bien” en leur sein. Toute la famille pratique le football comme passe-temps et en plus, la mère s’adonne à la gymnastique pour le maintien de ses conditions physiques.

Sur le plan culinaire, Ghislaine Bocovo est attachée aux mets locaux. “Je suis restée et scotchée aux valeurs endogènes et j’aime ‘fonman’ (légume) avec du ‘afinti’ (moutarde locale) surtout fait à la main, pas au feu. C’est vraiment bien à déguster. Ça passe avec l’akassa ou lio de chez nous”, dit-elle sourire aux lèvres.

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