13 Nov
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Le Salon national du livre ouvert le 09 novembre 2023 a été fermé dimanche. C’est un marché livresque de circonstance qui a été animé à Cotonou. Un espace d’échange d’idées, de livres et  de rencontres diverses conté dans ce reportage.

Avant la fermeture du Salon national du livre dimanche, notre équipe de reportage a sillonné les stands dressés à l’Esplanade du Palais des congrès à Cotonou. Dans les kiosques installés, une variété d’ouvrages de divers genres littéraires. L’ambiance est particulière. Les allées grouillent de monde. Jeunes et adultes défilent, s’arrêtent et consultent les œuvres étalées. Des commerciaux vendent, des visiteurs achètent. Des auteurs dédicacent. 

Précieuse Lanignan, élève en classe de 5è, tire des livres exposés un recueil de contes, Sitou et la rivière de la nudité d’Anna Baï Dangnivo, un ouvrage étudié dans les lycées et collèges du Bénin. Précieuse l’achète et s’empresse de se le faire dédicacer par l’auteur du recueil assis dans un coin du stand. La jeune Précieuse Lanignan se lâche toute souriante : 

“Je suis contente d’avoir fait la connaissance de l’auteur du livre. J’ai entendu parlé d’elle plusieurs fois, mais je ne la connaissais pas. Aujourd’hui, j’ai eu l’occasion de la voir ici. Je suis sidérée. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à acheter son livre que je vais lire avec merveille parce que j’ai envie de devenir comme elle, d’être comme elle, toute sa façon d’être.” 

Le sentiment reste le même au niveau d’Anna Baï Dangnivo, auteur de Sitou et la rivière de la nudité primé du Grand prix littéraire du Bénin en 2019. Elle cause avec ses lecteurs, toute joyeuse.  

L’écrivaine expose nombreux de ses ouvrages, en majorité des recueils de contes du Bénin et d’Afrique. “Ces écrits sont basés sur les mœurs et coutumes du Bénin surtout pour une déconstruction et reconstruction de nos pratiques qui ne sont pas toujours très conseillées de nos jours”, explique Anna Baï Dangnivo.

Pas loin d’elle, un homme vêtu de bomba, un style vestimentaire prisé au Bénin, marchande des livres dans un stand. C’est un opérateur économique, docteur en Sciences de gestion selon qui, “là où il y a des livres, on se dit qu’il y a forcément une nouvelle connaissance à découvrir.” Dr Hermann Hounkponou tient en main des ouvrages d’auteurs non africains :

“L’entrepreneuriat, c’est ça qui me maintient. J’ai pris, pour le moment, deux livres [dont] ‘L’entreprise du 21è siècle’ de Robert Kiyosaki. Le titre m’a intéressé. Je l’ai feuilleté. C’est l’un des documents que je veux. Je viens de prendre le second, ‘Disrupteur Le PDG d’Amazon mot à mot’ ”

Des retrouvailles

Le Salon national du livre n’est pas qu’un marché de vente. Ici, des auteurs et responsables de maisons d’éditions se croisent, élargissent leur carnet d’adresse. “Le Salon national du livre, c’est une fête de livres pour tous les éditeurs. C’est une retrouvaille en fait. On se retrouve en tant qu’éditeurs, … auteurs et en tant que distributeurs pour échanger autour du livre”, déclare Justin Idohou, commercial chez le distributeur Le Géant de la maison d’édition Christon Editions.

En 2023, le Salon national du livre a drainé des auteurs de divers horizons. Des auteurs africains et français ont participé à l’exposition. “Pour moi, ce genre de salon, de rencontre, de fête, de réunion autour du livre, d’arbre à palabre revêt une importance fondamentale. C’est justement faire sortir le livre et l’amener aux enfants, aux plus jeunes, à ceux qui n’ont pas accès aux livres”, confie l’écrivain ivoirien Patrick Gbaka-Brédé qui affiche un visage gai.

Jules Daniel Amoussou, jeune éditeur béninois et nouvel auteur de deux ouvrages dont un lui a valu le Grand prix littéraire du Bénin en 2022, se réjouit que “chaque année, il y a plus de permanence, plus d’organisation autour du livre. Donc, ça nous fait plaisir de savoir que notre marché est en train d’évoluer petitement et on ira loin”

“Histoire et Littérature”

Au Salon national du livre, édition 2023, divers ateliers ont été organisés. Des enfants et adolescents apprennent à conter, s’informent davantage sur des ouvrages et leurs auteurs. D’autres s’initient à l’écriture de scénario ou à l’improvisation théâtrale. A proximité de cet espace dédié aux jeunes, se déroulent l’atelier de peinture et autres. 

Dans un autre espace, des adultes échangent. Tout tourne autour du thème principal du salon : “Histoire et Littérature : quand la mémoire nourrit la création littéraire”. Ce sont des cafés littéraires qui réunissent des acteurs de la chaîne du livre, des historiens et des particuliers. “Cette année, on a dit qu’il faut discuter de l’Histoire, (…) de la Littérature. (…) Quelles sont les interactions qu’on peut développer entre Littérature et Histoire ? C’est ça, la question sur laquelle les différents invités qu’on a fait venir au Bénin, interviennent, parlent et donnent leur position par rapport à ce thème”, assure Florent Couao-Zotti, conseiller technique au ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts.

Selon l’écrivain Florent Couao-Zotti, chaque partie tire des profits de ces rencontres littéraires. L’économie du livre s’opère. Florent Couao-Zotti explique :

“L’écrivain vient défendre son livre. Et par rapport à ça, à la fin de son café, à la fin de la conférence qu’il a donnée (…) ce qu’il a dit peut susciter l’intérêt du public qui ira vers l’éditeur, donc, vers le produit qui a été transformé en bien culturel pour acheter [afin de] le consommer. Donc, lorsqu’on voit tous ces éléments réunis, on se dit que (…) le rapport entre l’écrivain et son public, le rapport entre l’éditeur et l’écrivain, tout cela est en train de changer”

C’est pour la troisième fois que le Bénin organise un Salon national du livre. Selon les autorités, la rencontre vise à mieux promouvoir la création littéraire béninoise. 

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