23 Sep
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Le Bénin s’apprête à renforcer son arsenal juridique de répression des violences contre les femmes. Initiateur d’un projet de loi dissuasif, le gouvernement a exposé, jeudi 23 septembre à Cotonou, sa vision aux députés qui doivent le voter prochainement.

Le projet législatif est présenté comme un outil de protection de la femme au Bénin et est une suite logique de la réforme de l’Institut National de la Femme (INF). Celui-ci sera actif dans la mise en œuvre de la loi voulue par le gouvernement de Patrice Talon pour combattre les violences de divers ordres faites aux femmes.

Modification de plusieurs lois en vigueur

De façon pratique, la nouvelle loi va modifier les dispositions de différents textes en vigueur, notamment le Code pénal, la loi sur l’embauche, dans le sens de réprimer les infractions liées au genre. Ce sont, explique le document préparatoire de la loi, “les infractions pour la commission desquelles le sexe de la victime est la considération préalable”. Sont visés, le harcèlement sexuel, le viol, l’interruption forcée de grossesse ou les mutilations génitales féminines.

L’interprétation extensive du harcèlement donne une idée du durcissement de ton : toute liaison amoureuse entre apprenant et enseignant sera désormais considérée comme un harcèlement et puni comme tel. Cette définition du harcèlement sexuel qui ratissage large ne manquera certainement de faire débat si elle était adoptée en l’état. Déjà, sur les réseaux sociaux, des voix dénoncent une stigmatisation du personnel enseignant.

Contexte alarmant

La mise à l’agenda de la lutte contre les violences basées sur le genre intervient à un moment où des actes de violences sur des femmes et des filles sont régulièrement rapportés et sujets de débats passionnés sur les réseaux sociaux. Depuis quelques jours, un cas de violences conjugales filmées, mettant en cause un enseignant d’université suscite l’émoi. Interpellé, l’homme fait face désormais à la justice pendant que loin du tribunal, l’opinion est polarisée sur son éventuel sort à l’issue de ce procès très suivi.

Selon la nouvelle vision du gouvernement, c’est la redoutable CRIET (Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme) active sur les dossiers financiers, qui devra juger à l’avenir les affaires de violences basées sur le genre. Une manière de hausser le ton contre le phénomène.

De même, l’INF devrait être légalement chargé de “se porter partie civile pour défendre les droits des victimes même en l’absence de plainte par ces dernières”, renseigne le projet de réforme. “Si cette loi est votée, nous combattrons les infractions liées au genre avec autant de rigueur que nous combattons déjà la corruption et la mauvaise gouvernance dans notre pays”, a déclaré le président Patrice Talon.

La prochaine loi ne sera pas la première contre les violences sexistes au Bénin. Au moins deux lois répriment, l’une les violences faites aux femmes, et l’autre, le harcèlement sexuel particulièrement.

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