09 Juin
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Alors collégien, Rabby Slo se lance dans la musique à la quête de moyens de subsistance. Ses premières œuvres, devenues des tubes des années 2000,  lui font enchaîner des succès. Mais très tôt déçue, la vedette en devenir s’envole hors du Bénin. Voici l’histoire de l’étoile filante.

A l’état civil, Rabby Slo s’appelle Wilfrid Hounwanou. Ce nom de naissance devient tôt impopulaire du fait de son succès matinal dans la musique. 

A l’âge de 17 ans environ, il sort en 1998 son premier album intitulé “Enangnon”. Mais, “ça n’a pas trop marché”, se souvient Rabby Slo. Son entrée dans le monde artistique béninois échoue.  Rabby Slo connait “un peu de galère”.

Enfance difficile

Deux ans après, l’adoscend revient sur scène avec “Djogbé”, un titre culte qui conquit le Bénin : “j’ai fait Djogbé. C’est ça qui m’a vraiment lancé. C’était une peinture de ce que j’ai vécu dans mon enfance”. Une enfance “très difficile”. A qui veut l’entendre, Wilfrid Hounwanou alias Rabby Slo confie

Je suis né d’une famille vraiment modeste où on est 12 enfants. On a connu la pauvreté très tôt. À peine, on trouvait à manger une fois par jour.”

Tout comme ses frères, Rabby Slo devait parcourir à pied les villages de Ouidah pour vendre “des choses : tomate, piment, maïs, gari sur la tête afin que [sa] maman puisse suivre”.

A l’école, Wilfrid Hounwanou, 4è enfant de sa famille, encaissait des humiliations. “Le comptable venait lors des devoirs nous frapper devant tout le monde et nous sortait de la salle. On fait ça devant toute la classe accompagné d’insultes, c’est ça qui m’a surtout marqué”, se remémore Rabby Slo.  Mais le natif de Ouidah confie chaque fois son sort à Dieu. Car, “il fallait la foi” pour tout surmonter. “La foi était la seule chose que tu avais parce qu’on n’avait pas assez d’options. Donc, je lisais une ancienne Bible qu’il y avait dans notre maison”.

Pour prendre sa revanche sur la vie précaire de sa famille, le fils de Peter Hounwanou, un boulanger, et de Blandine Zomahoun, une ménagère, abandonne le chemin de l’école “en classe de 4è ou 3è” pour se consacrer à “la musique parce qu’il n’y avait pas les moyens”.

Wilfrid se surnomme alors Rabby, un nom qu’il a découvert dans la Bible lors d’une lecture. Il y ajoute Slo pour former Rabby Slo. Le tout signifie, selon lui, “un enseignant qui a assez de sagesse”. 

Succès et désillusions

Désormais engagé dans la musique, Rabby Slo affronte l’opposition de son père, Peter Hounwanou qui le renvoie de la maison familiale.

Dans son errance, Rabby Slo obtient de feu Emile Désiré Ologoudou une somme de 25.000 francs CFA. Le jeune artiste finance l’arrangement de sa première chanson dans le studio de Marcel Padey.  

Avec son rythme dénommé “afro-tchink”, le chanteur conquiert ses parents irrésistibles aux textes de son morceau. Il se retrouve au sommet de son art à 19 ans au début des années 2000 grâce à ses albums Djogbe, Mahu–Mahu  et Séwouê. 

Il fait, à succès, le tour du Bénin avec une quinzaine d’artistes. Le garçon rate toutefois “une tournée en Afrique avec [son tube], Kokoko ferme pas” et autres, faute de soutien des autorités : “Rabby Slo n’est pas le seul artiste béninois”, aurait-on dit au promoteur du chanteur à l’époque.  

Choqué, il part en colère du Bénin en 2004 pour les Etat-Unis où il remet le manteau d’étudiant. Dans le nouveau tournant de sa vie, Rabby Slo se consacre à ses études à Holt high school music de New York pendant 4 ans. Il produit ensuite des musiques pour les films pendant qu’il suit aussi une formation en marketing.

La star béninoise y fonde son foyer, mais connaît la déception amoureuse. Père de deux enfants, Rabby Slo se remarie à une autre femme.  

Le dimanche 05 février 2023, l’artiste, auteur, compositeur et producteur rentre au bercail. Il foule le sol du Bénin 19 ans après son départ avec une double nationalité: bénino-américaine.

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