08 Déc
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“Chassés pour planter des cocotiers” est le titre d’un rapport publié ce jeudi 7 décembre par Amnesty International Bénin. L’organisation de défense des droits humains y dénonce les expulsions de populations par l’Etat dans le cadre de ses projets touristiques entre Cotonou et Ouidah. 

Dans le rapport de 78 pages, Amnesty International relève des irrégularités dans le processus ayant conduit aux expulsions des populations le long du littoral, entre Cotonou et Ouidah. Certaines personnes délogées ont déclaré à Amnesty International avoir reçu une somme d’argent seulement “des mois après avoir été cassées” tandis que d’autres ont confié “n’avoir pas reçu d’indemnisation préalable”. C’est notamment le cas d’un ancien élu local de Ouidah dont le témoignage a été recueilli : “Les dédommagements ont été très arbitraires. J’avais pris un expert pour évaluer ma propriété. L’évaluation était de 64 millions francs CFA mais on m’a remis 12 millions francs CFA”. 

Au regard des manquements relevés, l’organisation de défense des droits humains qualifie ces expulsions de “forcées”. “Ces expulsions ne sont pas accompagnées des mesures de protection juridique qui sont garanties par le droit international”, a déclaré Fabien Offner, chercheur au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Amnesty déplore également les difficultés que rencontrent les personnes concernées pour déposer des recours administratifs et juridictionnels. 

 Plaidoyer pour les expulsés

Amnesty international reconnaît que certains habitants ont été effectivement indemnisés et réinstallés, mais les conditions d’indemnisation et de réinstallation respectent partiellement les obligations et principes du droit béninois et du droit international. “Les droits des habitants et habitantes ne doivent pas être négligés au nom du développement socio-économique”, a déclaré Samira Daoud, Directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International. L’organisation recommande que les autorités fassent un état des lieux pour indemniser convenablement les victimes, et permettre leur réinstallation et de faire en sorte que l’impact de ces projets soit un impact positif pour les populations.

Selon le rapport produit, la délégation d’Amnesty International a fait parvenir des demandes d’entretien pour discuter du projet de recherche avec les autorités. En réponse à ses lettres Amnesty International a reçu des droits de réponse et les éléments apportés ont été intégrés au rapport. Certaines demandes sont restées sans réponse. 

Le rapport porte spécifiquement sur les cas des projets de développement de la Marina à Djègbadji à Ouidah, du complexe hôtelier à Avlékété, mais aussi sur des projets d’aménagement du littoral ou de l’aménagement de centre administratif commercial dans le quartier de Fiyégnon 1 et dans le quartier de Xwlacodji. Ces quatre projets de développement touristique et d’aménagement du littoral ont entraîné la destruction de quartiers et villages, et le déplacement des habitants. 

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