Au lendemain de la levée de radiation de 305 enseignants au Bénin, la syndicaliste Mathurine Sossoukpè salue la décision, mais qualifie ses collègues de “héros de la République” après leur traversée du désert. 

En 2019, le gouvernement béninois avait radié 113 enseignants du primaire et 192 du secondaire. Conséquence directe de leur décision de boycotter des évaluations des connaissances et de compétence organisées notamment en août 2019 malgré les explications données sur l’importance de la mesure au profit du système éducatif.

Des responsables syndicaux avaient jugé abusive la radiation et avaient entamé des négociations avec le gouvernement.

Environ 4 ans après, l’Etat revient sur sa décision. Le Conseil des ministres de ce 18 janvier a décidé de les réintégrer dans la Fonction publique. “Tenant compte de la dimension sociale du dossier, le Conseil a […] marqué son accord pour la levée des sanctions infligées aux intéressés et leur réintégration dans la Fonction publique”, indique le Gouvernement. 

“Des héros de la République”

La décision réjouit  Mathurine Sossoukpè, secrétaire générale adjointe de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB). Invitée sur l’émission “5 sur 7 Matins” ce jeudi 19 janvier, la syndicaliste qui fait partie des 305 enseignants dont la réintégration a été actée, a témoigné que les concernés n’ont pas pu dormir. “Notre portable ne faisait que sonner pour les félicitations. Les gens sont contents. […] Mais le parcours a été long, très difficile. Nous saluons cet acte du gouvernement à travers le Chef de l’Etat”, confie-t-elle. 

Pour Mathurine Sossoukpè, la radiation “ est une plaie béante et il faut qu’elle soit véritablement pansée”.  Elle assure que durant les 4 ans de rupture de contrat, il y a eu des cas de malades dans leurs rangs, néanmoins ses collègues ont été solidaires. “Ils n’ont pas un franc pour se soigner. Nous nous cotisons 500 fcfa ou 1000 f par personne pour leur venir au secours”, raconte l’invitée de Rachidath Bio Maman. 

“Nous sommes des héros de la République” déclare Mathurine Sossoukpè avant d’honorer la mémoire de ses collègues défunts: “paix à l’âme des trois qui sont disparus parmi nous”. 

Ça fait débat

Comme la polémique ayant entouré l’organisation des évaluations controversées de 2019, la décision de réintégrer les 305 enseignants alimente les discussions sur les réseaux sociaux. Si beaucoup saluent une mesure profitable aux concernés, des interrogations émergent de certaines réactions.  

“C’est une très bonne décision. Mais, cette rupture de contrat a trop duré”, a écrit Hermann Sylvestre Adido en commentaires du sujet du  jour publié sur notre page Facebook. L’internaute estime que, pour “des gens parmi eux qui se sont reconvertis”, “le mal est déjà fait”.