28 Fév
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Le festival international de film de Berlin, fidèle à sa tradition politique, a décidé de récompenser le documentaire de Mati Diop, “Dahomey”. 

A travers, “Dahomey”, la réalisatrice franco-sénégalaise retrace le parcours des 26 trésors royaux du royaume de Danxome pillés durant la colonisation puis restitués au Bénin par la France en 2021

Engagement

L’œuvre de Mati Diop est construite autour d’un caractère central qui n’est rien d’autre que la statue anthropomorphe du roi Ghézo. La réalisatrice donne la parole à la statuette qui, en langue fon, se plaint de ne plus porter de nom, seulement un numéro, « le 26 », dans les réserves du musée du quai Branly à Paris. Il décrit son arrachement à sa terre, sa vie en exil, puis son rapatriement, en 2021, au Bénin.

Pour Mati Diop, connue pour l’engagement politique de ses œuvres, Dahomey apparaît comme une réflexion sur un passé certes douloureux, mais dont l’acceptation est nécessaire pour construire des ponts vers l’avenir. “Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d’évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l’utiliser pour avancer”, a déclaré la réalisatrice Mati Diop en recevant son prix, après avoir cité l’intellectuel martiniquais Aimé Césaire. “En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afrodescendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode”, a-t-elle poursuivi.

Dahomey : Fierté et plaidoyer

Au Bénin, où le projet de Mati Diop a été soutenu par le gouvernement, la récompense de “Dahomey” a logiquement suscité l’enthousiasme et une certaine forme de fierté. “Nous sommes heureux et fiers d’avoir été à l’initiative de cette œuvre qui est, d’une part, un soutien du Gouvernement du Bénin et d’autre part, un symbole de l’engagement de l’Etat à faire des arts et de la culture l’un des axes majeurs du rayonnement du Bénin à l’international”, a déclaré le ministre du tourisme, de la culture et des arts, Babalola Jean-Michel Abimbola.

Pour ce dernier, la récompense du film remet en perspective la question de la restitution des œuvres d’art africain pillées durant la colonisation. “Grâce à ce film, le Bénin poursuit sa politique de promotion et de valorisation des œuvres d’art de ses traditions créatives. Cette réalisation témoigne aussi au monde l’engagement du pays à continuer le plaidoyer pour la restitution des œuvres les plus emblématiques de son patrimoine. La presse internationale et les spécialistes du cinéma ont unanimement salué cette distinction. S’ils mettent en évidence l’écriture du film et son esthétique, ils reposent la question des biens africains spoliés par les Européens et détenus hors du continent. Ils en appellent à leurs restitutions pour permettre aux populations d’en jouir comme tous les peuples du monde attachés à leurs cultures et à leurs patrimoines”, a plaidé le ministre.

Le nombre d’œuvres d’art africain spoliées durant la colonisation et détenues est difficile à estimer et varie souvent d’une source à une autre. Selon l’UNESCO, entre 90 000 et 3 millions d’œuvres d’art africaines se trouveraient en Europe. Le rapport “Sarr-Savoy” de 2018 estime à 46 000 le nombre d’œuvres d’art africain à restituer dans les pays d’origine.

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