23 Sep
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Depuis quelques jours, un message audio fait le tour des forums WhatsApp. L’enregistrement sonore, en langue Fongbé,  accompagné des photos de dames, laisse croire que toute une famille est morte après avoir inhalé l’odeur d’un anti-moustique en comprimés. 6 éléments prouvent le contraire.

L’audio partagé dans les groupes WhatsApp du Bénin crée la psychose. L’auteur présente le produit comme un anti-moustique toxique en vente qui, après l’utilisation, cause la mort d’Homme :

“Bonjour chers frères et sœurs. Comment allez- vous ? Cette image que je vous ai envoyée, certains l’auraient déjà reçue, d’autres non. Il parait que c’est un anti-moustique. Si on le brûle dans une maison, tous les moustiques meurent. Seulement, le produit contient l’acide. Voici toute une famille que ce produit a tuée ; toute une famille exterminée. Donc, si on le brûle, son odeur tue tous ceux qui l’inhalent.  Si quelqu’un reçoit ces images, qu’il veuille les partager avec tous ses proches afin que personne n’achète ce médicament.”

Les images illustrant ces propos circulent aussi sur Facebook depuis le 14 septembre 2022. La même alerte a été donnée sur les forums WhatSapp de la Côte d’Ivoire en langue française et figure sur la chaîne Youtube Edo Tips : “(…) Je dis bien toute une famille, ça est en train de les tuer. C’est à Attécoubé là-bas. C’est l’ami de ma grande sœur, l’une de mes cousines, qui vient de me balancer l’information comme ça (…)”  

Sur cette chaîne, l’alerte publiée le 14 septembre 2022, a enregistré 8.848 vues et a totalisé 163 mentions  “J’aime”.

Mais, en réalité, c’est faux! Voici six éléments attestant qu’il s’agit d’une infox. 

1- Le manque de  preuves

Des internautes doutent de la publication sur Youtube. Par exemple, Miko demande: Mais où sont les preuves que cette histoire est vraie ? Quel est le nom de l’hôpital, et le nom de ces personnes?”

Eddy Cooper Koudou  manifeste le même désir: “Excusez-moi, avez-vous fait un peu de recherche pour vérifier l’information ?”

A ces questions, Edo Tips n’a pas pu apporter une réponse fiable. La chaîne dit: Sur ce (…) coup, [il faut] préférer sauver une vie rapidement. Si jamais la dame qui parle, a fabriqué l’histoire, il n’y aura pas de dégâts. Mieux vaut prévenir que guérir”.

2- La variation des détails 

Le message audio en langue Fongbé ne précise ni le pays, ni la date de la survenue du décès des dames présentées comme mortes suite à l’inhalation de l’anti-moustique. 

En revanche, le message, diffusé sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire, indique que le drame a eu lieu à Attécoubé.  

3- Aucune source crédible

Aucun média n’a parlé du supposé drame. De même au niveau des plateformes officielles des pays d’Afrique, pas de trace de cette alerte.  

4-  Des images détournées de leur contexte

En retraçant la source de chaque image sur Google, nos recherches ont révélé que les photos ont été détournées de leur contexte initial.

  • Les dames sont décédées le 9 septembre 2022 à N’Djamena lors d’une manifestation des militants du parti les Transformateurs  selon les publications de l’opposant tchadien, Succès Masra sur Twitter.
  • L’incident s’est produit quand la police anti-émeute a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule présente au siège du parti Les Transformateurs de Succès Masra qui devait répondre à une convocation du procureur de N’Djaména au Palais de justice.

5-  Un pesticide pour l’agriculture 

 La photo de capsules qui illustre l’infox ne montre pas un produit domestique.

  • Le produit présenté comme un anti-moustique est un phosphure d’aluminium en comprimés.  C’est-à-dire, un pesticide utilisé pour contrôler les rongeurs, un insecticide pour les cultures agricoles.
  • Ces molécules appelées “Aluminium Phosphide Tablet” en Anglais, sont produites par le laboratoire Shanghai Bosman Industrial qui a établi sa présence sur le marché des pays d’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient. De couleur jaune ou gris foncé solide cristallin, elles sont non inflammable et ont une odeur semblable à l’ail. 

6- Démenti des autorités

Alors que l’audio en version française indique que les femmes sont mortes à Attécoubé en Côte d’Ivoire, c’est une fausse alerte;  crie Simone Pierre Wombléon, directeur de cabinet du maire de la commune.

Joint par Koaci, un site ivoirien d’information, Simone Pierre a démenti en ces termes: “un tel événement ne peut pas se passer dans la commune d’Attécoubé sans que les familles, les voisins où les relais ne soient informés. Dans tous les cas, aucune information de ce genre n’est arrivée à notre niveau. […] Pour moi, c’est une rumeur. C’est vrai que ça crée des troubles, mais nous,  on a dit aux populations de rester sereines”

Verdict ! Aucun indice ne prouve que les femmes sont décédées après avoir inhalé l’odeur du phosphure d’aluminium. Les dames ont trouvé la mort lors des manifestations du 9 septembre 2022 à N’Djamena au Tchad. Leur décès n’a aucun rapport avec le pesticide en comprimés. C’est donc une fausse alerte.

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