18 Nov
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Après ses diplômes universitaires brillamment obtenus, Caludia Togbé se voyait dans une carrière de diplomate ou d’enseignante du supérieur. Lorsque son projet professionnel bascule, le petit commerce qu’elle a lancé, deviendra l’une de ses nombreuses entreprises à succès.

Elle avait assez de diplômes pour prétendre à un emploi salarié ou faire une carrière universitaire brillante. Caludia Togbé est titulaire d’une licence professionnelle et de plusieurs masters dont un en Diplomatie et relations internationales. Un riche parcours académique qui lui a permis de postuler à des concours de recrutement à la fonction publique, mais qui se sont soldés par l’insuccès. Aussi, va-t-elle taper à la porte de plusieurs sociétés sans obtenir une suite favorable. 

J’ai déposé des dossiers. Partout où je passais, on me disait: vous avez fait la diplomatie et les relations internationales, il n’y a que le ministère des affaires étrangères qui peut vous recruter. Et donc, je me suis dit: il faut changer de cap pour avoir un peu plus d’opportunités”

Mais cette passionnée de lecture élevée dans une modeste famille à Porto-Novo ne va pas se lancer tout de suite dans l’entrepreneuriat. Rejetée par le ministère des affaires étrangères, elle préfère poursuivre ses études dans d’autres domaines. “J’ai fait un deuxième master en Management des élections. J’en ai fait un autre en Droit international et organisations internationales puis je me suis inscrite en année de thèse”, raconte-t-elle toute souriante.  

Cependant, les nombreux stages professionnels non rémunérés effectués, durant des années, dans l’administration publique et dans le privé n’ont pu ouvrir à la jeune femme la porte d’un emploi salarié. A défaut, elle a accumulé une certaine expérience. Au dernier poste, la doctorante n’était plus une simple stagiaire, mais une experte… avec une rare motivation désintéressée : “je travaillais comme si j’étais payée à 800.000 francs le mois. J’étais vraiment comme une consultante. Je travaillais énormément et mes propositions étaient transmises directement au ministre dans ce ministère-là.” Epuisée et sans le sous, la jeune femme va devoir se réinventer. 

Au terme d’un énième stage bénévole qui a duré deux années,  celle qui continue de rédiger sa thèse de doctorat en parallèle,  reçoit une enveloppe de 50.000 francs comme tout geste de reconnaissance. Un don venant d’un directeur sous lequel elle a travaillé dans un ministère en tant que stagiaire. Avec le recul, l’entrepreneure à succès ne tarit pas d’éloges sur son bienfaiteur.    

“Le directeur, il avait un cœur lourd en me laissant partir comme ça. J’ai refusé, il a insisté. Donc, j’ai accepté (…) J’ai divisé cette enveloppe en deux puisque j’avais déjà épuisé toutes mes économies et j’avais épuisé les ressources de mon époux aussi. On n’avait presque rien à manger à la maison. On a pris 25.000 francs pour faire la provision. Donc, c’est avec 25.000 francs que j’ai commencé”.

Caludia Togbé se lance dans le monde de l’entrepreneuriat sans y être préparée et sans grande ambition. Elle commence par vendre des bijoux. Quelques années plus tard, le “petit commerce de vente de bijoux, mais pas du tout de valeur” s’est développé et a atteint une nouvelle dimension. Toujours active dans le secteur, Caludia Togbé ne commercialise désormais que des  bijoux en or. 

Sa vie d’entrepreneure va connaître un autre succès à la rencontre des clientes et d’autres curieuses qui s’intéressent à sa belle peau et ses  longs cheveux. “On me posait des questions : comment tu entretiens ton corps? Regarde! Tu n’as pas de boutons, tu n’as pas de tache sur le corps puis tes cheveux sont magnifiques. Alors que j’utilisais juste des matières premières”

Désormais rodée au business, la jeune femme flait le bon filon. Pour la future docteur en droit international, un nouveau marché venait d’être trouvé, des potentielles clientes à satisfaire, un défi à relever. Elle fait des essais concluants, mais suit des formations pour s’améliorer. 

A l’échelle industrielle, la valorisation des ressources locales qu’elle utilisait à titre personnel, vient de prendre corps.  Ainsi naît la marque “Origine terre” avec des produits variés et beaucoup consommés au Bénin comme ailleurs. Elle emploie aujourd’hui plusieurs diplômés ayant divers profils. Et quand on l’interroge sur la recette du succès de ses entreprises, la trentenaire mère de deux enfants répond sans ambages : “Le courage. Et la deuxième chose, la volonté.” 

Pour autant, l’entrepreneuriat n’a pas totalement éloigné cette mère de deux enfants (une fille et un garçon) des chemins de l’université. Poursuivant ses études universitaires, elle compte soutenir bientôt ses travaux de recherche en Droit international et organisations internationales. En attendant, entre la gestion de l’entreprise et sa vie de femme au foyer, Caludia Togbé conseille l’Union africaine ou la Cedeao sur les questions électorales en tant que consultante. Autant dire que c’est une femme tout terrain…

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